Grosse déception ce week-end. J'ai participé au Festival International Montréal en Arts, qui n'a d'international que le nom. Rien à dire sur les gentils organisateurs, qui se sont dévoués corps et âmes pour nous, les exposants (au sens propre car, avec la canicule, ils ont vraiment donné de leur personne). Par contre, mon stand était vraiment mal placé : rue Sainte-Catherine-Est, au coeur du quartier gay. Ce qui en soi n'est pas gênant. Non, le problème, ce sont les alcoolos et les junkies qui viennent s'épancher sur mon stand, et les petits couples barbus mais gentils (cf. Sanseverino, 2ème couplet) qui cruisent sur Sainte-Catherine sans avoir un regard sur les artistes qui se sont donnés la peine d'emballer leurs oeuvres, de les transporter, de les accrocher, et d'installer leur atelier dans la rue. Je n'étais pas naïve au point de croire que mes toiles se vendraient en masse, mais j'espérais qu'au moins un ou deux galeristes se seraient donnés la peine de venir voir. Que nenni. Il faisait trop chaud, probablement.
Heureusement, j'ai eu quelques contacts sympathiques. La plupart, des touristes anglophones (américains et ontariens) ou français, qui ont rattrapé les autres : dans leur grande majorité, des petits barbus (mais gentils !) et des familles qui se hâtaient d'aller voir les feux du samedi soir. Ce qui se comprend. Sainte-Catherine-Est, même avec le FIMA, ce n'est vraiment pas la place pour exposer. L'apothéose, c'est quand un alcoolo a failli vomir sur mon stand, le tout en me tenant le coude. Par le genre de convivialité que je recherche.
La goutte qui a fait déborder le vase, c'est quand un badaud a voulu négocier la petite toile ci-dessus (le nu en vertical derrière les 3 miniatures). Il s'agit d'une huile sur toile que j'ai estimée à 50 $, ce qui n'est vraiment pas cher pour une oeuvre originale, surtout quand l'on sait que le moindre poster vaut justement 50 $. Et puis quoi encore ? Proposer un prix d'approche pour les petits budgets, c'est une chose, mais dévaloriser son travail quand on sait que le moindre petit job offre 15 $ de l'heure, c'en est une autre.
Ce qui m'a achevée, c'est que les gens préfèrent les reproductions aux oeuvres authentiques. La preuve : les gens qui regardaient mon album photo sans voir que l'original était dans le stand, sous leurs yeux. À croire qu'il leur faut du virtuel pour être capable d'apprécier le réel. J'avais déjà observé la même chose dans les cours d'arts plastiques de l'université. Les gens ne voient pas (même des prétendus spécialistes en art). On leur présente une oeuvre originale, cela ne les intéresse pas. On leur présente la même en photo dans un diaporama powerpoint, tout de suite, ils s'extasient. C'est un phénomène de société : les gens préfèrent l'amitié virtuelle, l'art virtuel, bref, le faux. Allez y comprendre quelque chose ...
Moi, je renonce.
Je préfère aller chercher les amateurs d'art là où ils se trouvent : dans les galeries, dans les grandes métropoles telles que Paris, Londres, New York ou Toronto. Certainement pas sur Sainte-Catherine-Est à Montréal. C'est dommage, car il me semble au contraire que l'Art devrait être l'affaire de tous et qu'il n'est pas indispensable d'avoir un ph-D en histoire de l'art pour apprécier la peinture. Mais voilà : dans notre société du virtuel et du faux, l'authentique ne passe pas.