La Peintre et le Samouraï sont heureux de vous faire partager leurs nouvelles aventures

Mariés en 2004, plus de vingt ans après notre première rencontre dans une école d'art à Paris, nos chemins se sont séparés, puis réunis par un caprice du destin. Partant du principe que la vraie vie, celle que l'on choisit, commence à partir de 40 ans, nos avons décidé de choisir aussi notre pays et nous sommes donc installés au Québec en 2007 avec notre fils Ziggy, ainsi que Cyran, le fils d'Isabelle ; Julia, la fille d'Isabelle, ayant décidé de rester en France. Notre fidèle chienne labrador Oriane nous a suivi et les jeunes Padawan (un poulain) et Chewbacca (un chiot) ont depuis peu rejoint la tribu Teafortwo.
Pourquoi la Peintre et le Samouraï ? Parce que nos deux passions, la peinture pour Isabelle et l'aïkido pour Gilles, dirigent nos existences, au même titre que la nature, les animaux, la bonne bouffe et les joies simples de l'existence.

jeudi 28 octobre 2010

3 ans et 120 jours




Eh oui ! Plus de trois ans sont déjà passés depuis notre installation dans la Belle Province. Rêves, désillusions, succès, échecs, aventures et mésaventures : nous en avons vu de toutes les couleurs et sommes passés par tous les états.


Gilles est arrivé au Canada avec pour objectif d'opérer une reconversion professionnelle radicale après un "plan social" en France. Il a appris le métier de boulanger, passé les qualifications professionnelles nécessaires, et tenté sa chance. Mais cela n'a pas fonctionné : il a du changer de travail trois fois en deux ans, pour se retrouver au final avec un salaire de misère et des horaires de nuit. Cela ne l'a pas découragé pour autant : il a refait une formation pour se mettre au niveau et, surtout, apprendre les méthodes de travail en usage au Québec. Cela a fonctionné : aujourd'hui il a un travail intéressant qui le passionne et dans lequel il apprend plein de choses, dans un bureau d'ingénieurs.


Quant à moi, j'avais pour projet en arrivant de monter une école d'art. Cela n'a pas fonctionné et, après avoir travaillé un an dans le secrétariat, j'ai tenté ma chance moi aussi en retournant aux études. J'ai donc passé deux années très intenses à préparer un doctorat en éducation artistique, tout en travaillant comme coordonnatrice en enseignement à côté. Passionnant, mais très difficile et incompatible avec la vie de famille. J'ai tout essayé : expos, conférences, enseignement. J'ai même monté un atelier d'art. Peine perdue. Ici c'est comme en France : pour vivre de l'art il faut soit avoir une fortune personnelle, soit n'avoir aucune responsabilité familiale. Les artistes que j'ai pu rencontrer au cours des 25 dernières années entraient tous, sans exception, dans l'un ou l'autre de ces cas de figure. Or, moi, je veux l'impossible : conjuguer pratique artistique avec qualité de vie.


Finalement, j'ai tranché. Lundi, je commence un nouveau travail, en tant qu'adjointe exécutive, qui va me permettre justement d'aller vers une une plus belle qualité de vie, c'est-à-dire de conjuguer travail, famille et loisirs sans que personne y perde.
Il nous aura donc fallu un peu plus de trois ans pour trouver notre équilibre. Cela n'a pas été facile, mais nous y sommes arrivés finalement. Le plus difficile, contrairement à ce que l'on pourrait croire, cela n'a pas été le climat. Nous nous sommes faits tout de suite aux rigueurs de l'hiver. Déneiger, pelleter, superposer des couches de vêtements pour profiter des activités d'extérieur en hiver, tout cela est une partie de plaisir. Non, le plus difficile à comprendre en fait, c'est la société québécoise elle-même. Les codes de conduite et de comportement sont parfois très déroutants. Les québécois sont méfiants et ne se livrent pas facilement. Une fois que l'on a gagné leur confiance, c'est pour la vie. Mais ça prend du temps. Beaucoup de temps.
Dans le travail, ce n'est pas évident non plus. Tout au long de mes recherches d'emploi, qui ont duré presque 3 mois, je me suis heurtée à l'incompréhension totale : mais qu'est-ce qu'une française de 48 ans vient faire chez nous, à prendre le travail des québécois ? J'ai du simplifier mon cv pour ne pas faire peur. Prendre des chemins de traverse pour convaincre les employeurs que non, je n'étais pas une personne instable (au contraire, il faut beaucoup de volonté pour émigrer) ; que non, je ne me sentais pas supérieure au commun des mortels avec mon accent pointu (je n'y peux rien si j'ai gardé l'accent parisien) ; que non, je n'allais pas démissionner du jour au lendemain avec mes diplômes universitaires (ici les diplômes sont mal vus). En plus, une carrière, cela se construit patiemment, avec des lettres de référence et des recommandations. Si on n'a pas un très bon réseau, on n'a aucune chance. L'expérience hors-Québec n'étant absolument pas reconnue, il faut donc s'attendre à de bien plus grandes difficultés lors d'une recherche d'emploi qu'en France. Autant dire que mon nouveau travail, j'ai l'intention de le garder le plus longtemps possible ! Parce que, eux, ils ont compris à qui ils avaient affaire. Il faut dire que c'est une firme multinationale : du solide et du sérieux.
Mais bon, nous avons passé toutes ces étapes maintenant. Ça y est, nous sommes installés. Enfin. Reste la prochaine étape : la citoyenneté canadienne. Nous déposons notre dossier courant novembre. Tout en sachant que, même une fois devenus canadiens, nous serons toujours des immigrés dans la Belle Province.
Mais ce n'est pas grave. Ce qui nous plait ici, c'est la nature et les grands espaces. Et là, nous ne pouvons pas être déçus, c'est sûr ! Car de l'espace, il y en a à revendre ...

7 commentaires:

Teafortwo a dit…

J'approuve totalement ce que dit ma chère et tendre épouse : on n'en voit de toutes les couleurs mais on tient bon, et conseil aux futurs immigrants made in France : on ne vous attend pas les bras ouverts et ce n'est pas le paradis où tout est merveilleux. Enfin maintenant le plus difficile est passé et notre fils est dans une école publique alternative : c'est déjà un québécois pur jus (de pomme).
Non, comme dit Isa, il faut comprendre le code et s'adapter à la mentalité et le mode de vie et puis après tout, nous ne sommes que de passage sur cette terre et elle n'appartient à personne.

Cherrybee a dit…

Faut aussi rajouter quelque chose qui n'a pas aidé mais qui a toute son importance. La crise!
Elle n'est malheureusement pas finie, quoiqu'on en dise... Et que cela ait joué autant dans ta recherche d'emploi que pour tes élèves de l'atelier d'art, ne m'étonnerait guère. En temps difficiles, ce sont dans les loisirs qu'on sabre le plus. En tout cas, J moins 3! Tu nous raconteras lundi?

Anne-Laure a dit…

Mes félicitations avec une pointe de nostalgie... Il y a 3 ans nous nous sommes dits "au revoir" lors d'une fête un peu échevelée... Tu savais où tu allais et les difficultés qui vous attendaient. Ca a été pire que prévu crise oblige, mais vous pouvez être fiers de ce que vous avez fait et ce que vous êtes devenus en réalisant vos rêves même si ce n'était pas tout à fait comme prévu... Maintenant, vous allez pouvoir souffler un peu et concilier vie de famille et travail, c'est l'idéal! J'attends avec impatience de savoir quel job t'attend. Si ça se trouve tu pourras exposer chez eux, non?
Canadiens... J'aimerais bien venir vous voir mais bon les vacances ce doit être plus ou moins exclu....
C'est comme Roméo qui a commencé son apprentissage: pas de vacances avant juillet prochain!!!!
Mais au fait lundi c'est la Toussaint, ce n'est pas férié au Canada, vu que c'est une fête religieuse catholique?

La couz' a dit…

Le temps passe très vite, c'est terrible!

Mais que votre expérience est fructueuse, même si elle est difficile!

Il y a deux ans j'étais avec vous, tous récents immigrés et ça donnait envie, ce renouveau total!

Vous avez eu du mal, mais vos enfants sont dans un nouveau monde, moins étriqué qu'ici peut être...

Le point d'équilibre est atteint et c'est fantastique!

Je reviens vous voir dès que possible! l'an prochain peut être... tout dépend de tellement de paramètres...

Gros gros becs!
Fanny de Paris!

Isabelle a dit…

Eh oui Bree, comme tu dis, c'est la crise partout !

Eh non Anne-Laure, bien que le Québec soit encore très imprégné des traditions catholiques, ici on ne fête pas la Toussaint, mais Halloween. Donc, pas de chrysanthèmes ni de bruyères chez les fleuristes ! Et ne te plains pas de ne pas avoir assez de vacances en France : ici on a 15 jours, ni plus ni moins :-) Quant aux possibilités d'expo avec mon nouveau travail, franchement je n'y crois pas trop. Et ça ne m'intéresse pas. Je réserve la peinture pour mes temps libres et je n'ai plus envie de perdre mon temps avec les expos, qui ne sont qu'une perte d'énergie et ne servent, au fond, qu'à satisfaire l'égo des exposants. C'est sûr, on y fait de belles rencontres, mais il faut avoir le temps pour ça.

Fanny, tu es la bienvenue ici quand tu veux, tu le sais :-)

Nancy a dit…

Félicitations pour ton nouveau boulot, Isabelle, et bonne chance!

C'est tout de même dommage que vos rêves initiaux, du moins en ce qui a trait au travail, ne se soient pas réalisés. Mais bon, l'essentiel ait que vous ayez du travail ... et puissiez vivre vos passions durant vos temps libres.

Cela vous permettra d'avoir une vie de famille certainement plus équilibré, et ça il faut le vivre maintenant, sinon après, il est trop tard.

Bonne chance donc pour lundi !

Anonyme a dit…

Finalement au Québec c'est comme partout. Il faut être jeune pour accepter de commencer avec "rien", passer quelques années de sacrifices pour améliorer sa vie par la suite ou, comme tu le dis, arriver avec un bon compte en banque pour parer aux coups durs qui ne manquent pas d'arriver sans avoir besoin de l'aide de personne.

C'est la base même de l'immigration quels que soient les pays et les époques.

Passé la quarantaine, avec une vie de famille qui plus est, il est délicat de tout recommencer en vivant "modestement".

Célibataire c'est plus facile, nous ne mettons personne d'autre en "danger".

En tout cas ma Zaza, ainsi que je te l'ai dit bien des fois, je t'admire. Pour ta ténacité, ton courage, et ta façon de rebondir sans l'aide de personne.

Bravo ! :-)

Bisous

Kiki ;-)